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tinghir au maroc
Vaste étendue de terre située
à l’extrême-ouest du Maghreb, le Maroc doit son originalité
à une étonnante diversité géographique. Plaines, montagnes,
déserts, côtes méditerranéennes et atlantiques ont de
tout temps abrité des populations fières de leurs particularismes
régionaux. Ces multiples paysages ont également attiré
de grands conquérants et favorisé le brassage des civilisations.
C'est ainsi que Phéniciens, Romains, Arabes, Andalous
et Africains apportèrent au Maroc d'innombrables richesses,
matérielles ou spirituelles, qui constituent aujourd'hui
l'essence même de la culture marocaine. Cette diversité
tous azimuts présenta, cependant, quelques désavantages.
La création d'une "unité marocaine" semblait une véritable
gageure. Il fallut attendre le 7ème siècle (681) et
l'arrivée des conquérants arabes sous la bannière de
l'Islam pour que le pays se rassemble autour d'une idée
religieuse et politique. Ce nouveau courant, grâce à
ses nombreux mouvements réformateurs, allait permettre
au Maroc de rebondir après chaque crise de succession;
à peine une dynastie disparaissait-elle, qu'une autre
jaillissait, brûlant d'une foi ardente et avide qui
de conquêtes, qui de réformes. Il est vrai que le Maroc
n'aurait probablement pas connu un destin aussi exceptionnel
s'il n'avait été dirigé par de grands souverains qui
l’ont préservé des tentatives de conquêtes arabes ou
ottomanes, ainsi que des appétits coloniaux européens
jusqu’à ce qu’il succombe, pour la première fois de
son histoire, en 1912, au protectorat français. Cette
expérience permit au sultan Mohammed V de déployer ses
qualités de grand homme d’Etat. Gardien vigilant des
traditions, moderniste convaincu, il fut un guide éclairé
qui sut combiner intelligemment résistance armée et
négociations avec les autorités de tutelle. Le flambeau
est repris par l’actuel souverain Hassan II qui a placé
le pays sur les rails de la modernisation politique
et économique pour le préparer à l’intégration à l’Europe
à l’horizon 2010. Le temps où les grandes caravanes
venues du Niger ou de Tombouctou convergeaient à travers
le Sahara pour le
Maroc vers les cols de l’Atlas est bien révolu.
De même, au Maroc, les immenses troupeaux de dromadaires
qui, il y a quelques décennies encore, transhumaient
de pâturage en pâturage au fil des saisons ne sont plus
qu’un souvenir. On en connaît bien les raisons : fermeture
des frontières, évidente supériorité pratique du camion
et du 4x4 sur les animaux de bât, attraction des villes,
de leur confort, de leurs écoles et de leurs hôpitaux…
Paradoxe : même si toute vie ne l’a pas abandonné, le
désert semble n’avoir jamais été aussi désert qu’aujourd’hui…
Au Maroc,
combien de temps faudra-t-il encore pour que disparaissent
les dernières khaïmas en poil de chèvre, pour que les
derniers nomades abandonnent sur le seuil de maisons
en dur leurs semelles de vent ? Le novice des pistes
ne cesse pourtant de s’en étonner : le soir, au bivouac,
alors qu’il commence à se croire le dernier être vivant
sur la terre du Maroc, il voit parfois surgir de la
nuit des hommes silencieux qui le saluent d’un geste
et d’un sourire, s’accroupissent en cercle autour du
feu, bavardent un moment à voix basse, puis se lèvent
et disparaissent comme happés par le vide. Ainsi est
le pays des grandes solitudes, encore hanté par les
spectres de ses derniers habitants… Au Maroc, une civilisation
est en passe de disparaître sans bruit sous nos yeux.
Elle ne laissera sans doute nulle trace dans le sable.
À nous de la garder précieusement dans nos mémoires…
Alors qu’on atteint le monumental portique de Zagora,
la ville est ocre-rose, sur la route de Tombouctou,
52 jours de caravane nous séparent de Tombouctou. Havre
de fraîcheur, palmeraie immense au milieu des hamadas
(plateaux désertiques et caillouteux), la cité est abritée
par le djebel Zagora. L’endroit se découvre un jour
de souk, où les paysans des alentours viennent vendre
leurs dattes, oranges, citrons et leurs légumes afin
de s’approvisionner en marchandises pour leur quotidien
: sucre, sel, bougies, vêtements… A Zagora,
fondée par une tribu berbère au XIII ème siècle, l'artisanat
est beau : tapis, couvertures, chèche, poterie, boissellerie
; mais il était somptueux le Maroc avant que les artisans
israélites ne quittent le pays. On trouve des poteries
vernissées vertes locales, travaillées selon une méthode
ancestrale, c’est une spécialité de la région. Afin
de contempler la vallée dur des kilomètres, on peut
grimper jusqu’au djebel Zagora le Maroc et assister
au levé du soleil. La ville apparaît alors entourée
par se palmeraie et l’oued qui serpente à son flanc
est. Ce spectacle est fascinant. S'offrent au regard
à la fois la palmeraie, le désert, qui en l'entourant,
le Maroc semble l'assiéger, ainsi que la masse dénudée
du Jbel Sargho. Juste à la sortie de la ville, le ksar
d'Amzrou apparaît au milieu de dunes de sable et inexorablement,
l'horizon s'aplanit jusqu'au grand désert. |
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